TUMEURS PANCRÉATIQUES

En cas de découverte d’une masse au niveau du pancréas, il peut s’agir d’une lésion bénigne non cancéreuse ou maligne.

La tumeur maligne la plus fréquente, est développée à partir des cellules des canaux pancréatiques : il s’agit d’un adénocarcinome canalaire pancréatique (90% des cas).

D’autres tumeurs moins fréquentes, peuvent être présentes : il s’agit des tumeurs neuroendocrines (3% des cas) développées à partir de cellules endocrines du pancréas (cellules qui fabriquent des hormones), ou encore les cystadenocarcinomes (1 à 2% des cas).

Le cancer du pancréas, ou adénocarcinome pancréatique est un cancer de la glande pancréatique qui sécrète les enzymes digestives. Dans le monde, l’incidence varie entre 1 et 10 cas pour 100 000 personnes. L’adénocarcinome du pancréas (AP) représente 90% des tumeurs du pancréas ; son incidence en France a doublé chez les hommes et triplé chez les femmes depuis les années 1980. Il reste le cancer digestif dont le pronostic est le plus défavorable, avec un taux de survie globale (SG) à 5 ans, tous stades confondus, de 7% à 8%.

Tumeurs pancréatiques

Adénocarcinome kystique de la tête du pancréas – By MBq at German Wikipedia [Public domain], via Wikimedia Commons

FACTEURS DE RISQUE

Plusieurs facteurs peuvent favoriser l’apparition de ce cancer :

  •     le tabac
  •     le surpoids ou l’obésité
  •     les facteurs génétiques
  •     une maladie pancréatique préexistante comme une pancréatique chronique

SYMPTÔMES

Quand l’adénocarcinome pancréatique est au premier stade de la maladie, dans la plupart des cas il est asymptomatique.

Les symptômes apparaissent souvent tardivement quand la tumeur s’est développée en dehors du pancréas.

Avec l’avancement de la maladie, les signes suivants peuvent apparaître :

  •     des douleurs fortes et persistantes derrière l’estomac ou au niveau du dos,
  •     une perte de poids,
  •     de la fatigue,
  •     un ictère communément appelé jaunisse – c’est une augmentation du taux de la bilirubine dans le sang et la peau,
  •     des démangeaisons (prurit),
  •     des problèmes liés à la digestion – elle peut être difficile et douloureuse,
  •     des changements du transit intestinal (diarrhée, nausées, constipation),
  •     et dans certains cas, une hausse de la température corporelle avec de la fièvre.

Les autres symptômes du cancer sont une altération parfois importante de l’état général du patient avec une perte de poids importante.

DIAGNOSTIC ET PRISE EN CHARGE

En cas de lésion située dans la tête du pancréas (ou lésion céphalique), il peut s’y associer une compression de la voie biliaire qui passe dans la tête du pancréas et entraîner une jaunisse (ictère). La mise en place d’une prothèse biliaire peut être nécessaire pour lever l’obstacle et ainsi réduire la valeur de la bilirubine et traiter l’ictère.

Un bilan d’extension avec une IRM pancréatique et hépatique, et un scanner thoraco-abdomino-pelvien peuvent être réalisés pour écarter la présence de métastases à distance.

Le diagnostic précoce associé à un bilan d’extension rapide est fondamentale.

Une biopsie de la lésion peut être réalisée sous écho-endoscopie afin d’avoir les caractéristiques anatomopathologiques de la lésion.

En cas de dénutrition du patient, avant l’intervention, un traitement à base de compléments nutritionnels peut être envisagé. En cas de non résécabilité de la lésion, une chimiothérapie première (néo-adjuvante) peut être envisagée afin de réduire la taille de la lésion et la rendre potentiellement résécable.

TRAITEMENT – SUIVI POST-OPÉRATOIRE

Les cas de patients atteints par adénocarcinome pancréatique sont discutés lors de RCP (réunion de concertation pluridiciplinaire) qui ont lieu une fois par semaine au NHC de Strasbourg (Nouvel Hôpital Civil). Ces réunions ont pour objectif d’établir le meilleur protocole thérapeutique pour les patients pris en charge pour un cancer. Cela signifie que le traitement du patient n’est pas décidé par un seul médecin, mais par une équipe de plusieurs médecins pluridisciplinaires.

Le traitement du cancer du pancréas doit tenir compte de la cause, de l’évolution et de la gravité de la maladie pancréatique. Les possibilités thérapeutiques seront envisagées en fonction du grade et de la gravité de la maladie.

Différentes thérapies pourront être mises en en œuvre comme :

  • La chirurgie curative avec une résection pancréatique de la tumeur principale.
    Cette résection peut être envisagée pour le traitement d’une tumeur n’excédant pas un certain volume et qui ne présente pas de métastases ou de contact trop proche avec la veine porte et les autres vaisseaux. Cette chirurgie est proposée lorsque tous ces paramètres et l’état général du patient sont optimaux.
    Il y a actuellement très peu d’indication à une chirurgie palliative qui vise à traiter les symptômes. Les prises en charges mini-invasives endoscopiques ou radiologiques sont privilégiées dans ces situations.
  • Cette chirurgie palliative est retenue en cas d’échec des voies mini-invasives afin de permettre l’écoulement de la bile et du bol alimentaire en réalisant des dérivations biliaires et digestives.
  • La chimiothérapie néo-adjuvante
    La chimiothérapie peut également être proposée en cas de maladie avancée afin d’améliorer la qualité de vie du patient en atténuant les symptômes de la maladie et obtenir une réduction de la taille de la lésion pour la rendre opérable.
  • La chimiothérapie complémentaire
    Après une chirurgie complète, elle est proposée afin de réduire le risque de survenue de récidive, une chimiothérapie complémentaire dite adjuvante.